PLAZ / BRAIN-sur-Vilaine /
La CHAPELLE de Brain
La
commune de Brain n’existe plus. Elle
a été rattachée à La Chapelle
de Brain en juin 1976.
Elle a un passé très ancien comme l’attestent
les graphies ci-dessous à l’époque où elle devait se nommer Platz/ Plaz /
Place/ Placet.
Placio en 530
Placio en 530
Insula Plaz
en 836 et Placet (C.R.[1])
Placitum en
838*
.
Puis, elle a changé de nom.
On retrouve cette paroisse au XII° s. rebaptisée Brinum
Brinum en
1148
Brain en
1238
Breyn en 1427
Brain sur Vilaine en 1958.
On lit le plus souvent que ce
toponyme devrait son nom à un homme gaulois Brennos[2],
surnom faisant référence au corbeau. Mais la graphie de 1148 fait difficulté à
cause du "i" de Brinum.
D’autre part, plusieurs « Brain » situés dans d’autres départements
présentent dans leurs graphies anciennes : brin, bryn, brein, brenn.
Des sources
différentes nous orientent vers une autre hypothèse : bren / bran, mot celtique pour nommer les
déchets, la saleté extrême, les excréments, mais aussi la fange, notamment en
Bourgogne. Et ailleurs aussi. En Normandie, une brennière est un terrain boueux.
Brenoux en Lozère (dictionnaire des noms
de lieux de Dauzat) est donné pour lieu fangeux. Bren (Drôme) est connu
encore de nos jours pour souffrir régulièrement de coulées de boue. Enfin, le
TLFI [3]donne
pour berneux, breneux : boueux.
Situé sur les rives de la
Vilaine, fleuve à crues, surtout par le passé, Brain a dû être un lieu
particulièrement marécageux, un grand marais dit « de Ganedel »
jouxte encore la localité ; on peut donc conclure que Brain fut ainsi
nommé à cause de la nature boueuse du site.
Mais revenons à l’étymologie
de Plaz. L’évêque de Rennes, Saint Melaine y est né en 456, dans une famille de
riches gallo-romains.
C’est dans le manoir paternel
qu’il construira son monastère au VIème s.
- A première vue, Placitum peut être rapproché de Plessis car ce toponyme a souvent pour graphies anciennes : plasseum, plassetum, plaisitum, plaxetum, mais aussi placetum, de Placi. Tous semblent formés à partir d'une racine évoquant une idée de clôture faite de branches entrelacées, évoquant un endroit fortifié, château"fort" avant l'heure .Les trois graphies les plus anciennes pourraient y faire référence. Au pays de Galles, Plas Grug est le nom d’une vieille résidence noble.
La graphie de 836 pourrait se
traduire par : "Île du Plessis". En effet, à Brain, la Vilaine
enserre entre deux bras une île.
Le texte ci-après[4]
laisse supposer que ce château / plessis aurait été celui des parents de
saint-Melaine.
« Dans un champ appelé le Clos-de-Placet ou le Clos-Saint-Melaine devant les
maisons de Placet faisant partie du village de la Blandinaye*, on rencontre
beaucoup de briques et même des fondations de murailles gallo-romaines. Selon
La tradition, unanime et fort ancienne dans la contrée, c’est là que s’élevait
jadis le château de Plaz, c'est-à-dire la maison paternelle de saint
Melaine.
*hameau de Brain actuellement
Cf :full text « bulletin et mémoires ».
Mais cette hypothèse est à rejeter d’emblée puisque les dates d’attestation de Plaz s’échelonnent du VIè au IXème s et que les
Plessis ne sont apparus que plus tard et ne sont mentionnés dans les écrits qu’aux XIè, XIIè XIIIè siècles. Il faut chercher une
autre piste :
- Du Cange donne pour Placitum : lieu où se réunissait une assemblée pour discuter des choses importantes de la paroisse et parfois pour juger certaines affaires publiques ou privées. Les noms de lieu se rapportant à la justice sont rares, on est pourtant tenté de voir en ce toponyme la mémoire d’un « placitum »: (lieu, « place » où se tenait) une assemblée qui réglait les affaires publiques et des problèmes de justice, en présence du comte local.
Quand on sait que Placitum est l’équivalent exact du mot
franc platz (latin germanisé) on comprend mieux la graphie des deux premières attestations. En effet, ce
sont les Francs qui introduisirent en France cette coutume du « plaids[5] »
dès leur arrivée, à la fin du Vème s. Notons que, selon J-P Chambon[6] ’un
autre mot : « judicium » aurait donné naissance à un certain nombre
de microtoponymes : «La justice » et aurait désigné à l’époque
mérovingienne (un lieu accueillant) une séance judiciaire, tribunal du Comte, -aussi
nommée plaid(s)- (depuis Grégoire de tours). J-P Chambon a également démontré
que le nom de la ville de Gy (Haute Saône) est l’aboutissement d’un judicium.
[1] Cartulaire de Redon
[2] Cf : X. Delamarre
[3] « Trésor informatisé
de la langue française » (dictionnaire en ligne)
[4] Réf. www.infobretagne
(infobretagne.com)
[5] Erreur probable du TLFi sous
« plaid » : 5. ca 1160 tenir
les plaiz « tenir l’audience ». Du lat. placitum, part. passé adj. subst. de placere « plaire », au plur. En lat. class. au sens de
« principes, dogme », puis
« ce qui plaît » d’où, en lat. chrét. « dessein, projet »
et « accord, consentement ».
[6] Membre de la SF
d’onomastique, auteur de « Zones d’implantation publique au haut moyen-âge
dans le territoire de Besançon. Analyse diachronique des N.de L. »